Toute l’Europe est au régime de l’austérité. Pour dégager les ressources permettant de rembourser les crédits aux banques, pour augmenter les profits boursiers et « calmer » les spéculateurs, toutes les conquêtes sociales du passé doivent être détruites.

Au Portugal, où le déficit public (8,3 % du PIB en 2011) est du même ordre qu’en Grèce, un nouveau plan de rigueur se met en place. Le budget de 2012 prévoit plus de 10 milliards d’euros d’économies, ce qui équivaut à 2 625 euros par ménage. Les 13e et 14e mois de salaires, qui compensaient les faibles rémunérations des fonctionnaires, ont été supprimés. Les pensions de retraite ont été réduites. En moyenne, chaque foyer a perdu 8,1 % de ses revenus. La durée du travail a été augmentée de 30 minutes par jour, sans augmentation de salaire. Des jours fériés ont été supprimés. Le chômage s’élève déjà à 13,5 % de la population active, sachant que ces statistiques officielles ne disent jamais la vérité. L’économie est en récession, et, comme en Grèce, la politique de régression sociale – qui réduit la demande intérieure – ne fait qu’aggraver la crise. Le gouvernement table sur une contraction du PIB de 1,9 % en 2011, puis de 2,8 % en 2012.

En Italie, les travailleurs ont subi de plein fouet la politique réactionnaire du gouvernement Berlusconi. Mais la « Troïka » ne se satisfait pas des 48 milliards d’économies prévus dans le prochain budget. La Commission européenne fait pression pour accélérer la mise en place d’une nouvelle « réforme » des retraites, qui pousserait l’âge de la retraite à 67 ans. L’investissement baisse. 29,3 % des moins de 25 ans sont au chômage, avant même que l’économie ne sombre dans la récession – prévue pour 2012. Cette récession réduira les recettes fiscales de l’Etat et aggravera son niveau d’endettement, qui se situe déjà à plus de 1 900 milliards d’euros, soit 120 % du PIB. La BCE achète des obligations italiennes pour atténuer la pression spéculative qui pèse sur la dette de l’Etat. Les taux d’intérêt que l’Etat italien doit payer à ses créanciers ont augmenté. A l’heure où ces lignes sont écrites, ils s’envolent de nouveau sous l’impact de l’annonce d’un référendum en Grèce. Mais la BCE ne dispose pas des moyens suffisants pour avoir un impact significatif sur les finances d’un pays aussi important que l’Italie. Un défaut de paiement, dans la période à venir, ne peut pas être exclu. Si le risque de « contagion » de la crise grecque est considéré comme dangereux pour l’ensemble de l’Europe, que faut-il penser des conséquences d’une récession durable en Italie ? Selon le quotidien La Stampa, un défaut de paiement de l’Italie marquerait la fin de l’euro.

Les finances publiques de l’Espagne sont elles aussi dans le collimateur des marchés financiers, qui exigent des mesures d’austérité encore plus sévères. Déjà, le versement des allocations chômage a été limité à un an, dans un pays où il n’existe pas de « filet de sauvetage » comparable à notre RSA. Avec un taux de chômage de 22,6 %, cette situation se traduit par une paupérisation massive. Comme en Italie, le poids économique de l’Espagne la met hors de portée d’un quelconque « plan de sauvetage » européen. Comme dans tous les pays européens, la classe capitaliste espagnole refoule la société en arrière. Sa voracité est sans limites. Mais la patience des travailleurs et des jeunes a, elle, des limites. Ils ne viennent pas facilement à des idées révolutionnaires, mais ils commencent à prendre conscience du fait qu’ils n’auront pas d’avenir digne de ce nom sous le capitalisme. Ce sont là les prémisses d’une révolution européenne – une révolution qui, pour aboutir, devra en finir une fois pour toutes avec le capitalisme. Elle devra placer les ressources économiques et l’appareil gouvernemental de tous les pays entre les mains des travailleurs eux-mêmes.