L’Espagne est dans l’œil du cyclone de la crise économique européenne. En avril, le taux de ses obligations d’Etat a passé la barre des 6 %, un niveau qui avait déclenché les « plans de sauvetage » de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande. Aujourd'hui le Gouverneur de la Banque Centrale a annoncé sa démission.
En 2011, l’Etat espagnol a enregistré un déficit budgétaire de 8,5 % du PIB. Il est clair que le gouvernement de droite du Parti Populaire (PP), dirigé par Mariano Rajoy, ne pourra pas tenir son engagement à ramener le déficit à 5,4 % en 2012 et 3 % en 2013.
L’économie espagnole est minée, entre autres, par l’endettement des gouvernements autonomes et par un système bancaire qui a accumulé d’immenses quantités de créances douteuses depuis l’éclatement de la bulle immobilière, en 2008. Les banques espagnoles sont également lourdement exposées à la dette portugaise.

Fin mars, le gouvernement espagnol a adopté un plan d’économie de 27 milliards d’euros, sous forme de coupes budgétaires et d’impôts. Il s’agit de l’attaque la plus sévère contre la classe ouvrière espagnole depuis 30 ans. En moyenne, les budgets de tous les ministères vont être réduits de 17 %. Mais cela ne suffira pas. Ce que les « marchés » exigent de l’Espagne, ce sont des coupes de l’ordre de 5,5 % du PIB sur deux ans. En effet, quelques jours après le Gouvernement a décidé d’imposer un autre plan d'austérité de 10 milliards [rien qu’en anté et éducation].

A titre de comparaison, le dernier plan de rigueur imposé à la Grèce correspondait à des coupes d’une valeur de 4,7 % du PIB sur deux ans. Or, à l’instar de ce qui s’est passé en Grèce, les mesures d’austérité ne peuvent que conduire à l’approfondissement de la récession économique, ce qui rendra la réduction du déficit impossible. Le chômage a bondi depuis 2007 et touche aujourd’hui 24 % de la population active (5,3 millions de personnes), dont 50 % de jeunes. 40 % des chômeurs ne reçoivent plus aucune allocation.

Le 29 mars, les syndicats nationaux (UGT et CCOO) et autonomes ont organisé une grève générale contre le plan de rigueur et une « réforme » du Code du travail. Pas moins de 10 millions de grévistes ont répondu à l’appel, avec d’immenses manifestations et une ambiance très militante. Cependant, comme on l’a vu en Grèce au cours des deux dernières années, des grèves générales de 24 heures, même lorsqu’elles sont massivement suivies, ne permettent pas d’arracher des concessions à la classe dirigeante. Du fait de la profondeur de la crise, les capitalistes sont déterminés à imposer la rigueur. Cela conduira donc inévitablement à un nouveau cycle de grandes mobilisations. Comme on a vu pendant le premier anniversaire des "indignados" ou pendant la première grève générale de l'éducation de la maternelle à l'université.

La Gauche Unie

Lors des élections de novembre dernier, le PP avant réussi à l’emporter essentiellement  grâce à la  désertion massive de l’électorat du PSOE (le Parti socialiste espagnol). Depuis, les sondages d’opinion montrent que le PP a chuté de près de 10 %. Cependant, le PSOE ne remonte pas la pente, car les électeurs n’ont pas oublié que c’est le gouvernement « socialiste » de Zapatero qui avait engagé la mise en œuvre des mesures d’austérité.

Lors des élections régionales qui ont eu lieu récemment en Andalousie et dans les Asturies, c’est la « Gauche Unie », autour du Parti Communiste Espagnol, qui a le plus progressé. En Andalousie, par exemple, elle a recueilli un tiers de voix de plus, ce qui lui a permis de passer de 6 à 12 élus régionaux. On retrouve cette tendance dans les sondages au plan national, où la Gauche Unie est passée de 6,9 % des voix en novembre 2011 à 11,6 % d’intentions de vote aujourd’hui. Pour toute une couche de travailleurs et de jeunes militants, la Gauche Unie représente une alternative non seulement au gouvernement PP, mais aussi à la direction du PSOE.

Maintenant deux gouvernements de coalition, en Andalousie et aux Asturies avec la Gauche Unie viennent d'être formé. Ces gouvernements vont devoir choisir entre l'austérité, la même que la droite et une politique alternative. Le débat en Espagne ressemble à ceux de France. Pendant les prochaines semaines on verra quelle politique pour les gouvernements régionaux de gauche.

Les perspectives générales en Espagne sont déterminées par la contradiction entre la politique économique draconienne dont la classe dirigeante a besoin, d’une part, et d’autre part ce que la classe ouvrière et la jeunesse peuvent accepter. Dans ce contexte, la tâche des marxistes espagnols   (www.luchadeclases.org ) est de participer activement à toutes les luttes qui auront lieu dans la prochaine période, tout en expliquant patiemment que la transformation socialiste de la société est l’unique solution aux problèmes des masses.

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