Les résultats du deuxième tour des élections législatives ont suscité la joie et, surtout, le soulagement de millions d’électeurs qui redoutaient une victoire du RN.

Au lendemain du premier tour, Le Pen et Bardella s’y voyaient déjà. Ils composaient leur « futur » gouvernement ; des noms de « futurs » ministres fuitaient dans la presse. Confiants dans leur victoire, ils renvoyaient leur programme « social » aux calendes grecques. « Dans un premier temps », expliquaient-ils, ce sera l’austérité budgétaire et la retraite à 66 ans.

Le gouvernement Vivaldi mord la poussière. La coalition gouvernementale composée de tous les partis perdants en 2019 perd à nouveau, et plus encore. La fragile majorité dont elle bénéficiait n'est plus.

La peur de nouvelles élections et surtout d'une avancée de la droite nationaliste flamande (la N-VA) et de l'extrême droite (Vlaams Belang) a été durant 5 ans le ciment de ce gouvernement de crise.

Les résultats du premier tour des élections législatives sont à peu près conformes à ce qu’annonçaient les sondages.

La participation (66,7 %) est beaucoup plus élevée qu’en 2022 (47,5 %). A qui cela a-t-il profité ? Pas aux macronistes, dont la défaite est à peine moins sévère qu’annoncé. La plus grande participation a profité au Nouveau Front Populaire et, plus encore, à l’extrême droite. C’est ce que montre la comparaison des résultats – en nombre de voix – de 2022 et 2024.

L’alliance RN-Ciotti a recueilli 10,6 millions de voix ; si l’on y ajoute le résultat de Reconquête, cela fait près de 10,9 millions de voix. En 2022, le total RN + Reconquête s’élevait à 5,2 millions de voix. Entre 2022 et 2024, l’extrême droite progresse donc de 5,7 millions de voix.

De son côté, la NUPES avait recueilli 5,8 millions de voix en 2022 ; le NFP en recueille 9 millions cette fois-ci. La « gauche unie » progresse donc de 3,2 millions de voix, quand l’extrême droite progresse de 5,7 millions de voix. La prise en compte des candidatures dissidentes du NFP n’y changerait pas grand-chose : la différence est très nette entre la dynamique de la gauche et celle de l’extrême droite, au profit de celle-ci.

C’était prévisible. Dans un récent article, nous écrivions à ce propos :

« Le NFP peut-il remporter les élections législatives et former le prochain gouvernement ? C’est possible, mais ce n’est pas le plus probable. Pour le comprendre, il faut lier l’arithmétique électorale aux dynamiques de classe qui en forment la base.

« La bourgeoisie et la petite bourgeoisie voteront massivement soit pour le RN, soit pour le “centre”, soit pour les Républicains “indépendants”. Cependant, cela ne représente qu’une petite minorité de l’électorat, qui pour le reste est constitué de jeunes et de travailleurs (actifs ou non). Pour qui voteront-ils ? Une large fraction de cet électorat – en particulier dans ses couches les plus exploitées et les plus opprimées – votera pour le RN ou s’abstiendra. […]

« On en connaît les raisons fondamentales : depuis 1981, divers gouvernements de gauche ont trahi les aspirations de ces couches sociales. Cela a joué un rôle central dans la montée en puissance du RN, qui a constamment élargi son électorat non seulement dans la petite bourgeoisie, mais aussi dans la classe ouvrière. Pendant des décennies, des millions de travailleurs ont constaté que l’alternance entre la droite et “la gauche” ne changeait strictement rien à leur situation. Sous la droite comme sous “la gauche”, ils étaient accablés par le chômage, les fermetures d’entreprises, la destruction des services publics, la précarité de l’emploi et bien d’autres maux, pendant qu’une infime minorité de la population accumulait des fortunes toujours plus indécentes.

« La dynamique électorale du RN vient donc de très loin – et elle ne peut être brisée que de deux manières. La plus douloureuse, c’est l’expérience d’un gouvernement du RN, dont la politique réactionnaire, pro-capitaliste, finirait par décevoir son électorat ouvrier. La plus combative, c’est le développement d’une alternative de gauche massive et suffisamment radicale pour susciter l’adhésion de millions de jeunes et de travailleurs qui, en l’absence d’une telle alternative, s’abstiennent ou se tournent vers la “radicalité” démagogique du RN – lequel, en outre, bénéficie d’un avantage décisif : il n’a jamais été au pouvoir.

Le mois dernier, nos camarades britanniques ont fondé le « Revolutionary Communist Party » (RCP). Sous l’impact de la crise du capitalisme – et notamment, ces derniers mois, de la situation en Palestine –, une fraction significative de la jeunesse se radicalise et s’oriente vers le communisme. La fondation du RCP découle de la nécessité d’organiser cette couche au sein d’une organisation ancrée dans les idées et traditions authentiques du marxisme.

Mardi 25 juin, la loi de finances 2024 a été présentée devant le parlement kényan pour la troisième et dernière fois. Avant même que la session ne commence, une énorme foule s’avançait déjà dans le quartier des affaires de Nairobi, et se dirigeait vers le siège du parlement. A 14h15, les députés approuvaient la loi par 195 voix contre 106. Quarante minutes plus tard, les masses insurgées avaient pris d’assaut le parlement tandis que les députés fuyaient à toutes jambes.

La psychologie de la petite bourgeoisie sous le fascisme, son état d’esprit individualiste et sa vision étroite trouvent une expression puissante dans le film La zone d’intérêt (v.o. « The Zone of Interest ») de Jonathan Glazer.

Librement inspiré du roman de Martin Amis, le film dépeint l’officier SS Rudolf Höss (interprété par Christian Friedel), commandant d’Auschwitz, sa femme Hedwig (Sandra Hüller) et leurs cinq enfants vivant à côté du camp de la mort où les nazis ont tué 1,1 million de personnes, principalement des Juifs.

La Nouvelle-Calédonie est secouée depuis plusieurs jours par des émeutes qui ont déjà fait quatre morts à ce jour (16 mai). Ce soulèvement est la conséquence des provocations répétées du gouvernement impérialiste français. En 2022, après un référendum sur l’indépendance que le gouvernement Macron avait imposé en violant toutes les promesses faites aux dirigeants indépendantistes, nous avions publié l’article ci-dessous dans lequel nous écrivions : « Le gouvernement français se félicite du résultat, mais le problème n’est absolument pas réglé – et ne manquera pas de ressurgir, tôt ou tard. » Depuis, le gouvernement a avancé à marche forcée pour faire adopter une réforme du corps électoral qui est une véritable provocation pour les Kanaks.

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